L’IA n’est pas un danger pour l’emploi… pour autant que l’on maîtrise cette technologie

L’IA n’est pas un danger pour l’emploi… pour autant que l’on maîtrise cette technologie

7 août 2019 0 Par hossein
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L’IA n’est pas un danger pour l’emploi… pour autant que l’on maîtrise cette technologie


Opinions

La vague d’automatisation en cours est-elle une menace pour l’emploi ? Pas si l’on considère que les machines sont des auxiliaires, et non des subsituts. La clé ? Une collaboration homme/machine fructueuse et maîtrisée. Exemples à l’appui… 

Une opinion de Jo Buvens, Senior Regional Vice President EMEA CPQ & Pardot chez Salesforce.

À en croire les médias, les récentes élections auraient dû être entièrement placées sous le signe de la migration et du climat. Toutefois, un article récent consacré aux enseignements que nous procure l’analyse des recherches sur Internet à propos des pôles d’intérêt de l’électeur révèle une toute autre réalité. Parmi les thèmes les plus populaires, l’emploi et le chômage continuent de figurer en bonne place dans le Top 5. Trouver un emploi pointe même tout en haut des priorités. Les Belges s’inquiètent dans une certaine mesure du climat et des migrations mais la sécurité d’emploi l’emporte encore clairement.

La vague actuelle d’automatisation est sans conteste l’un des facteurs qui influencent cette sécurité d’emploi et la crainte du chômage. L’“Intelligence artificielle” (IA) et l’automatisation des tâches et des processus ont en effet pour résultat d’accentuer un sentiment de malaise chez de très nombreuses personnes actives alors qu’elles n’ont aucune raison de craindre l’IA pour autant qu’elles soient prêtes à apprendre une nouvelle langue: celle des données.

On sous-estime le facteur humain

L’IA seule ne mènera une entreprise nulle part. Une étude d’Accenture, qui a inspiré le livre Human + Machine: Reimagining Work in the Age of AI, révèle que les entreprises tirent davantage parti d’une collaboration entre les individus et des machines dotées d’IA. Si l’IA est uniquement utilisée pour remplacer les hommes, son rendement demeure limité et, surtout, ponctuel. C’est ce qu’a par exemple découvert Elon Musk à l’issue d’une de ces opérations de substitution. Une fois terminée, il a déclaré: « L’automatisation excessive chez Tesla fut une erreur. On sous-estime le facteur humain ! »

L’étude a démontré que les entreprises qui réinventent les processus de travail en visant une collaboration entre les individus et l’IA obtiennent des résultats qui sont de trois à six fois supérieurs à ceux de sociétés qui ne misent que sur l’automatisation. Les sociétés axées sur la collaboration s’avèrent plus véloces, plus évolutives, plus flexibles et prennent de meilleures décisions dans le cadre de leurs processus de gestion que les sociétés qui ne cherchent qu’à s’automatiser.

Les machines en support de l’homme, et vice versa

Un certain nombre de mesures doivent toutefois être prises pour optimiser cette collaboration. Une première et importante étape consiste à comprendre comment individus et IA peuvent opérer en soutien de leurs points forts respectifs. Selon James Wilson, l’auteur du livre susmentionné, il nous faut utiliser de manière optimale à la fois les qualités humaines que sont le leadership, le travail en équipe, la créativité et la faculté de raisonner, et, d’autre part, la rapidité, l’extensibilité et la puissance de traitement des machines.

« Nous continuerons à avoir besoin des individus, pour entraîner les machines à effectuer certaines tâches, pour comprendre les résultats de ces tâches, et pour veiller à ce que l’utilisation des machines demeure judicieuse, afin qu’elles ne portent par exemple pas préjudice à l’homme », estime James Wilson. « De même, il n’est pas possible de recourir à des machines dans tous les scénarios. Si, par exemple, une entreprise désire conquérir un tout nouveau marché, vous n’arriverez pas à grand chose avec des données historiques qui ne concernent que d’autres marchés. La machine ne pourra donc pas accoucher immédiatement d’un nouveau produit créatif. »

Il cite l’exemple de BMW, où des équipes mixtes de robots et d’individus ont généré des gains de productivité. « BMW a retransformé ses chaînes d’assemblage automatisé de son usine de Caroline du Sud en chaînes flexibles desservies par des humains et des robots pilotés par IA », déclare-t-il. Le constructeur a pu en conclure que des équipes homme-machine sont environ 85% plus productives – et nettement plus flexibles – que lorsque seuls des hommes ou des robots sont à la manoeuvre.

Quiconque sait utiliser l’IA est paré pour le nouveau marché de l’emploi

Pour parvenir à cette parfaite collaboration entre l’homme et la machine, il faut toutefois remplir une autre condition majeure: les individus doivent apprendre à utiliser ces machines intelligentes. Et ce n’est possible, d’une part, que si l’usage de l’IA devient sensiblement plus simple et plus intuitif, et, d’autre part, si les employés comprennent mieux la manière dont ces machines raisonnent. Pour satisfaire cette dernière contrainte, les entreprises devront donc mettre en oeuvre des formations et compétences entièrement nouvelles.

Jusqu’ici, le nombre d’entreprises qui s’y sont employées est plutôt limité. Nous le constatons sur le marché américain et c’est certainement encore davantage le cas du côté des entreprises européennes. Cela s’explique souvent par des arguments bien compréhensibles tels que les restrictions budgétaires, le manque de temps disponible de la part des collaborateurs, et des technologies insuffisantes, côté formations. Nous n’en conseillons pas moins à toutes les entreprises de s’approprier de manière urgente une formation systématique et transversale en IA afin d’éviter de se retrouver avec sur les bras,une cohorte d’employés non formés à l’IA et une pénurie en talents qualifiés.

Quatre conseils pour apprendre à vos équipes à s’approprier l’IA

James Wilson formule quelques conseils pour faire un succès de ce recyclage:

  • Repensez les limites du possible. Les entreprises doivent encourager leurs employés à avoir l’esprit ouvert de telle sorte qu’ils mettent en oeuvre l’automatisation en toute confiance dans le cadre de leurs tâches routinières. Ils doivent apprendre à effectuer des expériences et des tests afin d’obtenir des processus qui fonctionnent.

  • Visez la “littéracie des données”. Les données sont le moteur de la plupart des systèmes IA. Tout programme de requalification doit dès lors procurer a minima une bonne compréhension de ce que les données peuvent apporter. Les employés doivent par exemple comprendre la politique de données de votre entreprise mais ils doivent également acquérir les compétences éthiques nécessaires pour pouvoir collaborer avec des systèmes IA et comprendre pourquoi il est plus important de collecter les bonnes données plutôt que le plus de données possible.

  • mocratisez l’IA. Les entreprises expérimentent d’ores et déjà de très nombreuses nouvelles interfaces utilisateur, comme par exemple la reconnaissance vocale et l’intéraction avec des robots. Des programmes de formation doivent également rendre l’IA la plus accessible possible: toutes les parties prenantes doivent comprendre comment elles doivent utiliser de tels systèmes.

  • Exigez l’“AI responsable”. Les formations IA ne doivent pas se limiter à des compétences techniques: les dimensions éthiques et sociales doivent, elles aussi, être abordées. Chaque entreprise a le devoir moral d’adopter une démarche responsable en matière de systèmes IA. Cela signifie que la direction doit utiliser l’IA de manière transparente et responsable, libre de tout préjugé.

Les entreprises doivent rendre les employés “AI ready”

Aux yeux de James Wilson, il n’y a absolument aucune raison de craindre que les robots prennent la place de l’homme. En adoptant une culture d’apprentissage continu de telle sorte que les individus demeurent conscients de la manière et des raisons d’utiliser les systèmes IA, les entreprises peuvent permettre à une nouvelle économie de se faire jour, synonyme de plus grand bien-être pour davantage de travailleurs. « Il est de la responsabilité de chaque entreprise, et pas uniquement des autorités publiques, de former nos travailleurs afin de les préparer à l’ère de l’IA », déclare-t-il. « Les entreprises en récolteront les fruits (sous la forme de talents disponibles) mais elles en ont également l’obligation morale (de telle sorte que chacun et chacune puisse profiter des avantages de l’IA). Si nous voulons améliorer l’efficacité de la collaboration entre l’homme et la machine, nous devons de toute urgence nous atteler à procurer des formations plus efficaces. Le succès de l’IA est indissociablement lié à un investissement dans les individus. »

Titre et chapô de la rédaction. Titre original : « Les machines ne sont pas des substituts mais des auxiliaires. Les meilleures collaborations sont les plus fructueuses. »


2019-08-07 09:29:00

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